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Publié le par Richard Boni

LA UNE DU JOUR
15 mars 2010
Suite à la déclaration du chef de l’Etat face aux enseignants :« Yayi doit demander pardon au peuple », selon Lazare Sèhouéto [...]

A travers une interview qu’il a accordée à votre quotidien., l’honorable Lazare Sèhouété a manifesté son indignation au sujet de la déclaration du Président de la République à l’endroit du monde des travailleurs. Il suggère à Yayi Boni de démissionner après avoir demandé pardon au peuple béninois. Lire cet entretien.


Le Matinal : Vous avez eu écho des déclarations peu courtoises du Chef de l’Etat à l’endroit des enseignants. Pourquoi l’opposition ne réagit-elle pas ?

Lazare SEHOUETO : Nous nous sommes concertés. Nous avons pensé qu’il faut surseoir à toute réaction, afin de ne pas être taxés de vouloir perturber ou compromettre les résultats de la Mission Fmi/ Banque mondiale qui est présente dans notre pays depuis le 12 Mars 2010, pour évaluer les efforts faits par le gouvernement, après la lettre de confort de ces institutions obtenue en Novembre 2009. Cette lettre de confort est assortie de nombre de conditionnalités. D’un autre côté, le Président de la République raconte constamment, ses partisans et lui, que c’est l’opposition qui manipule les syndicats. Dieu sait qu’ils mentent. Leur objectif est d’intimider les syndicalistes et d’empêcher que se rapprochent l’opposition et les autres forces vives de la Nation. Nous devrions donc tenir compte de la capacité de ces forces à ne pas se laisser intimider ou succomber aux chantages.

Donc ces déclarations ne sont pas assez graves pour susciter une réaction immédiate de votre part.

Le régime de Monsieur Yayi Boni jouit d’une chance exceptionnelle. Son opposition est faite de personnalités qui ont de l’expérience dans la gestion des affaires publiques. Elle fait donc preuve de beaucoup de compréhension et ne l’attaque pas à l’emporte-pièce. Je pense même que Yayi Boni assimile cela à de la faiblesse au lieu de dialoguer pour s’aider lui-même. L’opposition béninoise ne veut pas détruire le pays. Sinon, elle va acculer davantage le régime et le contraindre à la reddition. Mais il faut savoir s’en tenir à l’essentiel et n’humilier personne.

Personnellement, si vous devez porter un point de vue, que devons-nous retenir ?

Pour autant que vos lecteurs distingueront mes propos de la position de Force Clé et de l’Union fait la Nation, je peux vous exprimer quelques interrogations et dire quelques mots au peuple travailleur. Il devient inquiétant et son cas devrait faire l’objet d’une préoccupation particulière de la part des forces vives de la Nation, malgré la propagande de mauvais goût orchestrée depuis que le Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement, Monsieur Yayi Boni, multipliant les dérives verbales, exposant de plus en plus ses convictions intimes et violant de jour en jour son serment du 6 Avril 2006, a rencontré les représentants des enseignants. Monsieur Yayi Boni devient plus qu’inquiétant. Personne ne comprenait pourquoi il laisse mourir les malades dans nos hôpitaux depuis plusieurs semaines, se contentant de faire diaboliser les « hospitaliers » du Bénin à travers la presse. Personne ne comprend pourquoi il a signé un décret (qu’il sait qu’il n’appliquera pas) aux enseignants du supérieur, sans être capable de leur dire la vérité. Je ne comprends pas davantage que, face aux représentants des « hospitaliers » puis des enseignants, il se permette de se livrer à des simagrées de nature à enflammer la situation déjà explosive.

Vous paraissez dur dans votre appréciation

Plus que des appréciations, il s’agit des vraies questions auxquelles il faut répondre pour comprendre qu’effectivement, Monsieur Yayi Boni devient inquiétant. Sinon, pourquoi, s’entête-t-il dans les faux-fuyants et le mensonge ? Pourquoi, ne peut-il pas courageusement, expliquer à notre Peuple ce que savent les citoyens les plus avertis depuis des mois, voire des années ? Par des promesses et décisions démagogiques, le Président de la République a complètement déséquilibré le Trésor public. Il a gaspillé les ressources publiques, il a instauré les pires pratiques en matière de finances publiques, il a constamment évité de dire la vérité sur l’état réel des caisses de l’Etat, il s’est donné un train de vie hors du raisonnable et s’est donné une foule de clients et une impressionnante horde de courtisans, de mercenaires, des plumes et micros à gage, etc. Pourquoi n’avoue-t-il pas, qu’il a hérité d’une situation où les régimes précédents lui ont légué une masse salariale équivalent à beaucoup moins de 25% du budget national et qu’il avait encore la possibilité, sans désorganiser l’économie nationale, de recruter et d’augmenter les primes jusqu’à hauteur de 35% ? Pourquoi n’explique-t-il pas qu’il n’a pas su se maîtriser, et que de démagogie en improvisations, il est passé à 44%, mettant le pays en danger et nous inscrivant sur les douloureux chemins déjà connus au Bénin entre 1986 et 1990 ? Pourquoi ne dit-il pas la vérité sur les positions actuelles du Fmi et de la Banque mondiale ? Pourquoi, n’explique-t-il pas que ces institutions sont devenues inquiètes à cause de sa gestion désastreuse et que c’est pour éviter le pire que ces organismes lui enjoignent de revenir au taux raisonnable de 35 % de masse salariale dans le budget de l’Etat ? Pourquoi s’en prend-il aux travailleurs et laisse-t-il les travailleurs s’en prendre au Fmi par principe, au lieu de les rassurer, en réduisant le train de vie de l’Etat, son train de vie propre et celui de la multitude de clients, de mercenaires officiels et officieux qu’il entretient ? Il est passé maître dans les investissements souvent improductifs, inconséquents et désarticulés par rapport à toute logique économique. Pourquoi ne peut-il pas confesser tout cela et s’excuser pour avoir recherché plus une popularité factice que le développement effectif du pays ? Pourquoi ne demande-t-il pas pardon au peuple, pour l’avoir trompé et pour s’être trompé de pays et d’époque, puis solliciter un pacte national autour de la vérité confessée, en vue du relèvement de notre économie et de notre pays dans un sursaut patriotique collectif ? Pourquoi cherche-t-il encore et toujours à crétiniser le Peuple, alors que, pour l’essentiel, ce Peuple sait désormais que le Roi est nu ?

Que reprochez vous exactement aux déclarations du Chef de l’Etat ?

Je reprécise ce que j’ai dit jusque là. Sans vérité, il n’y a pas de pardon ou même de compréhension. Les fuites en avant en politique se payent plus cher au bout du compte. Il faut qu’il ait le courage de rassembler son Peuple (pas la foule comme il en a l’habitude, mais ceux qui peuvent comprendre et apprécier les questions en débat) et lui dire la vérité. Un Chef d’Etat doit respecter son Peuple. Le Président de la République n’a pas le droit de se moquer du peuple entier, en affichant hypocrisie, mépris, désinvolture et cynisme. Il a été élu pour résoudre les problèmes qui se posent aujourd’hui et rien ne peut expliquer qu’il se dérobe et qu’il n’assume pas ses propres engagements. S’il ne peut plus résoudre les problèmes qu’il a créés lui-même, s’il pense que ce n’est rien, si les élèves n’arrivent pas à aller à l’examen, que ce n’est rien, si l’année scolaire est déclarée « blanche », si ce n’est rien si les hôpitaux et les écoles sont fermés, surtout s’il pense sincèrement qu’il n’est candidat à rien, il lui faut démissionner tout de suite. Nous savions que pour notre pays et son peuple, il n’y avait plus fondamentalement rien à tirer de son calamiteux mandat. Les dispositions de notre constitution nous obligeaient à subir les affres de sa politique anti-nationale, destructrices des valeurs cardinales qui fondent notre République et de sa politique de démantèlement de notre économie. Il vient de confirmer lui-même qu’il ne peut plus servir à rien d’autre. S’il aime ce pays, qu’il démissionne donc, afin que conformément à la Constitution nous tournions sa page qui a coûté et continue de coûter, en si peu de temps, tant de divisions, tant de misère, tant de morts, tant de larmes et tant de honte à notre peuple.

Vous donnez l’impression que les travailleurs sont de votre avis. Quel message avez-vous à leur envoyer ?

Aux enseignants, aux Hospitaliers, aux agents de l’Administration et à tout le peuple travailleur, je voudrais dire ‘’bon courage et persévérance’’. Leurs justes revendications méritent un meilleur traitement. La question que je voudrais très humblement leur soumettre est la suivante : ce régime en place mérite t-il qu’on le combatte, en s’éloignant des forces vives de la Nation, des populations souffrantes elles-mêmes et soucieuses de l’avenir de leurs enfants et de la santé des uns et des autres ? Comment peut-on servir notre pays sans cautionner la politique de démission nationale de Yayi Boni ? Là où il y a un problème, il y a toujours une solution. Osons nous concerter et nous vaincrons de l’imposture des gouvernants.

Réalisation Abdourahame Touré

Publié dans Articles de presse

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