Le syndicalisme a outrance peut avoir des repercussion negative sur le peuple

Publié le par Richard Boni

LA UNE DU JOUR
17 mars 2010
Radicalisation du mouvement de grève dans l’enseignement et la santé:Le syndicalisme déstabilise le pays [...]

Le chef de l’Etat a dû hausser le ton le mercredi dernier face aux syndicalistes qui jouaient aux jusqu’au boutistes. S’il faut reconnaître que c’est le gouvernement qui a été à la base de ces dérives, il convient aussi de soulever le caractère excessif des revendications qui sous-tend actuellement les grèves perlées dans le pays.


Cinq (05) milliards. C’est la somme colossale qu’il faut sortir sans condition des caisses de l’Etat avant que les enseignants ne reprennent le chemin des classes. Selon certaines indiscrétions, le Front des syndicats des trois ordres de l’enseignement exige 03 milliards en espèce au titre d’allocation d’incitation et de la revalorisation de la fonction enseignante, et 01,7 milliard pour des indemnités de logement revalorisées. D’un autre côté, ils réclament une augmentation de 25 % sur leur salaire. Et ces acquis devraient les suivre jusqu’à leur retraite pour ne pas dire jusqu’à leur tombe. En plus de tout cela, on parle de bien d’autres avantages qui doivent s’y ajouter. Faute de quoi, leurs élèves sont depuis fin janvier 2010 à la maison jusqu’à ce jour. Au même moment, une autre forme de grève bat son plein dans certains centres de santé publics et ce sont les paisibles populations qui n’ont rien à voir dans cette crise qui oppose le pouvoir à ces travailleurs qui en font les frais. Dans tout le pays, c’est la grève. Non pas forcément pour exiger des augmentations de salaire, mais surtout pour des primes qui, considérées comme l’accessoire, dépassent de loin le principal qui est le salaire, depuis 2006. De sources proches du trésor public, on apprend qu’avec la situation, la balance de paiement pèse énormément lourd sur le budget général de l’Etat au point de susciter une vive colère des partenaires au développement qui ont commencé par être très préoccupés du cas béninois. D’ailleurs, la mission du Fonds monétaire international (Fmi) qui séjourne depuis quelques jours dans le pays, est revenue sur la question et impose déjà la revue à la baisse de l’enveloppe financière consacrée au salaire. Dans tous les cas, elle ne devrait plus dépasser les 35%. C’est en ce moment qu’on dit que les positions se durcissent et le Front des trois ordres de l’enseignement serait même prêt à conduire le pays à une année scolaire blanche au cas où ces revendications n’étaient pas satisfaites. La situation pose quelques problèmes. D’abord, il faut remarquer que les travailleurs ne sont pas les seuls béninois pour prétendre profiter plus des ressources du pays que les autres fils qu’ils sacrifient sur l’autel de leurs intérêts. A l’hôpital et en raison des grèves sans service minimum, les malades sont abandonnés à eux-mêmes et les grévistes qui auraient pu être à leurs lieux de travail sans servir, se donnent le vilain plaisir de se retrouver dans les structures sanitaires privées. Si on en est arrivé là c’est parce qu’on recrute des agents dont le niveau ne leur permet pas de faire preuve de conscience professionnelle. Dans d’autres cas, il y a une inadéquation entre les compétences et les responsabilités assumées. Dans un tel contexte on ne peut qu’assister à des grèves perlées qui frisent désormais la pagaille et qu’il d’y réfléchir. Hier, c’était les enseignants du supérieur qui ont bloqué les activités académiques durant des mois et sans renoncer à leur salaire. Idem pour les professionnels de la santé qui jouent avec la vie des malades. Et depuis fin janvier 2010, les élèves du primaire et du secondaire sont au repos dans les mêmes conditions.

Une chose et son contraire

Au-delà du fait que le pays n’a pas les moyens pour faire face à toutes ces revendications et que c’est en son corps défendant que le gouvernement a donné ce qu’il a, c’est tout de même aberrant que les syndicalistes n’acceptent pas les défalcations pour fait de grève alors qu’ils savent que celui qui n’a pas travaillé n’a pas droit au salaire. Mieux, ils sont les premiers à trouver la mauvaise gestion partout, et exigent des commissions d’enquête et des sanctions contre les fossoyeurs de l’économie nationale. Pourtant, aucun d’eux n’est encore disposé à accepter d’être audité sur la conscience professionnelle. Plus grave, c’est qu’ils sont un certain nombre de responsables syndicaux qui n’ont plus jamais organisé d’assemblée générale dans leurs différentes structures pour passer le témoin à d’autres militants. La plupart d’entre eux sont proches de leur retraite et veulent tout avoir avant de quitter la fonction publique. Pourtant, ce sont eux qui s’érigent chaque fois en donneurs de leçons et refusent de regarder dans les miroirs. Le droit de grève est reconnu constitutionnellement mais il ne fait pas en abuser. Les mouvements de débrayage auxquels on assiste semblent-ils sont mal fondés ou téléguidés. On soupçonne des hommes politiques de les soutenir. Car, il ne reste que 10 mois environ à l’actuelle équipe gouvernementale et c’est faire de la mauvaise publicité au chef de l’Etat en le montrant du doigt qu’il n’aime pas les travailleurs.

Jean-Christophe Houngbo (Br. Ouémé/Plateau)

Publié dans Articles de presse

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